Sommaire
Devenu omniprésent dans la culture populaire francophone, le wesh est un terme générique qui peut signifier de nombreuses choses. Il fait généralement partie d’un langage codé et sa signification dépend fort du contexte dans lequel il est utilisé ou du langage non verbal de ses utilisateurs. Dans cet article, je vous invite à découvrir les origines du terme et ses multiples utilisations.
Les origines algériennes du wesh
Beaucoup de non-initiés pensent que wesh est dérivé du ouais, lui-même dérivé du oui. Il s’agirait alors d’une simple variation phonétique, comme un ouaich, donnant un certain accent à son parler. Il serait alors signe de décontraction, jeunesse, rébellion face aux normes et à l’autorité – qui dirait ouaich au maire de sa commune ou au patron d’une grande entreprise ?
En réalité, et peu de gens le savent, le terme nous vient tout droit d’Algérie. Dans l’arabe d’Algérie, le son wesh est une interrogation du genre quoi ? ou encore est-ce que ? Il est donc très couramment utilisé, en particulier lorsqu’on rencontre une personne. Alors après la salutation de base, on demande Wesh rak ?, ce qui se traduit tout simplement pas Comment vas-tu ?. On comprend alors qu’une signification première de notre wesh serait ça va ?.
Attention à ne pas confondre le wesh algérien avec le wesg marocain. S’il est vrai qu’au Maroc ce mot est aussi interrogatif, il y signifie qu’est-ce que ?
Arrivée en France via le hip-hop
C’est vers la première moitié des années 1980 que le wesh fit son apparition dans l’hexagone. Il y est alors utilisé par les chanteurs de hip-hop, notamment d’origine nord-africaine, qui reprennent le son arabe pour en faire une interrogation en français. Comme le mot arabe est généralement utilisé pour prendre des nouvelles de quelqu’un, son héritier français devint d’abord une forme de salutation. Wesh veut alors dire salut, et même salut, ça va ?.
Officialisation du wesh en langue française
Comme de nombreux termes argotiques, le terme wesh a fini par être accepté comme un mot officiel de la langue française. C’est en 2009 qu’il fit sa première apparition dans le Petit Robert, qui le décrit comme un adverbe interrogatif et situe bien ses origines dans le parler arabe. D’ailleurs, à cette occasion, je me permets de vous donner un fameux tuyau au scrabble : wesh est une occasion en or de vous débarrasser de ce satané w qui vous pourrit la vie faute de pouvoir écrire wagon ou wombat. De plus, vous le dégagez en même temps que le h, tout en utilisant les lettres très courantes e et s ! Imaginez mettre ça sur un multiplicateur de mot x 3…
L’argot en évolution constante
Bien entendu, l’argot est caractérisé par son dynamisme extrême, au contraire des langues mortes.
Il est donc bien difficile de retrouver et de cerner chaque signification du wesh, qui peut changer d’une année à l’autre, et d’une banlieue à l’autre. Les dialectes banlieusards sont justement utilisés comme des codes, des formes d’identification culturelle. Si une banlieue rivale utilise le wesh avec une certaine signification, les autres banlieues tenteront de lui en trouver une autre.
Ainsi, le wesh signifiant salut ou salut ça va ?, peut également servir de oui (ou de ouais), et a évolué vers d’autres usages. On peut utiliser wesh simplement pour apostropher une personne que l’on a déjà saluée.
Mais wesh peut aussi servir à exprimer des émotions, généralement négatives. Ainsi dire un wesh pourrait signifier je suis à bout ou j’en ai marre. Dans certains cas, il remplace même un juron courant. Il faut donc bien faire attention au contexte !
Comme il sert à apostropher les gens, le wesh peut aussi servir à inciter une personne à réaliser une action.
Autres écritures du mot « wesh »
Comme le mot wesh n’est qu’un son repris de l’arabe dialectal, il n’existe en réalité aucune écriture officielle jusqu’à son introduction dans le Petit Robert en 2009. Pour cette raison, il est tout à fait possible de l’orthographier différemment, comme wech ou ouesh. L’abréviation wsh est très fréquemment utilisée dans le langage SMS.
Les wesh wesh
Certaines personnes se caractérisent par leur utilisation intensive du wesh. Une même personne, un même groupe de personnes, peut utiliser ce terme avec de multiples significations. Elles se reposent alors sur le contexte, le langage non verbal et certains codes plus mystérieux pour comprendre la signification de chaque wesh exprimé. Certains considèrent cela comme une forme d’appauvrissement du langage et, en raison de l’utilisation intensive dans le hip-hop du wesh, l’associent à des types spécifiques de personnes.
De là est né le terme wesh wesh qui désigne les personnes utilisant abusivement le wesh et n’ayant pas vraiment tendance à porter un costume cravate taillé sur mesure du lundi au dimanche. Bien entendu, ce terme est tout aussi populaire que le wesh et désigne des groupes différents selon celui qui l’utilise. Pour le premier, un wesh wesh sera une racaille des cités, pour l’autre ce sera le voisin qui porte des chaussettes avec ses claquettes… J’exagère un peu, mais ce terme est très large, comme l’est redneck en anglais des États-Unis.
À qui dire wesh ?
Si quelqu’un souhaite utiliser le terme wesh dans son parler, oral ou écrit, je ne peux l’en empêcher. Mais il faut savoir où et quand l’utiliser, sous peine de passer pour un wesh wesh.
Il faut surtout prendre en considération le milieu social. Je pourrais vous dire que cela s’utilise en famille, entre amis… mais quelle famille ? Dans une famille où les parents se vouvoient encore entre eux après dix ans de mariage, le wesh risque de mal passer. Ou alors, il sera utilisé par leurs enfants adolescents rebelles dans le but de défier les normes culturelles.
Sinon, généralement, il est préférable d’éviter de dire wesh devant son patron, un représentant politique, ou un professeur d’université. C’est un terme fort informel, que certains associent même à des milieux trop populaires à leur goût. Dans ce cas, utiliser wesh dans un cercle d’amis proches peut devenir un signe de confiance mutuelle, et qu’on ne sera pas jugé comme un plouc par les autres.